Critiques – au moins deux qu’on aime

7758514862_2c28930887_cLa critique littéraire est un art difficile. Elle plante ses crocs dans un chairs déjà morte ou jubile des mots qu’elle ne prononce pas. Elle exprime une langue dans un produit dérivé, suçant le corps du texte pour expirer une parole qu’elle n’a pas. C’est bien difficile pour la critique d’être littérature, il lui manque le squelette, la chair et le souffle. Il lui reste à donner ce qui pourrait être la grandeur du bourreau qui tranche la tête du criminel ou la joie du rémora qui chevauche les requins, sur leur ventre. Faire des restes un festin et s’en contenter.

Il en est deux qui me donne à penser et cette jouissance qui marrie l’intelligence au dialogue. Assouline et Stalker, l’un cabotine quand l’autre ferraille. Un gentil et un méchant. Un même goût de langue, un aplomb similaire. L’un manie le couteau et l’autre la machette, l’un est Apollinien quand l’autre se drape de nuit et de solitude. Les deux sont méchants.L’un tue avec le sourire et l’autre avec acharnement. Pour le reste il sont très différents.

J’aime chez Stalker cette méthodique mauvaise fois qui le conduit non pas à forcer le trait, mais à repasser le trait dix fois, comme s’il devait convaincre de sa détermination. Je reconnaît dans l’opiniâtreté de son style, et de ses boursouflures, qu’à réputer les saignées il fait preuve de moins de cruauté que d’égotisme. Ses coups de canifs visent moins à faire mal qu’à donner la preuve de ses intentions, et dans les répétitions ils fait preuve de formules réjouissantes, son style est finalement une adaptation d’un procédé du comique à l’art dramatique. Ce misanthrope nous ravi dans l’acharnement, on ne voit plus l’objet qu’il déchire mais son obstination à déchirer une chair qu’on fond il néglige.

J’aime chez Assouline le jeu léger du pigeon qui chie sur les colonnes, du titi qui voletant sur le marbre, trace dans l’azur des œuvres les révérences que l’on leur doit, et la griffure nécessaire du vent dans leur reflet. Un œil amoureux qui papillonne sans omettre le moindre grain de beauté sans le confondre aux points noirs qu’ils presse avec volupté. Il est bon quand l’oeuvre est bonne, il milite pour une littérature si variée qu’on en oublie les condition du choix.

Ils sont deux lecteurs, qu’on laisserai ivres s’écharper sur la fontaine communale. Deux ardents qui inondent leurs abords des feux de la lecture.

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