Un souffle

Je ne sais qui je suis, je ne sais où je vais, un souffle me porte à travers le monde.

Mes bras saisissent des branches, s’accrochent aux racines, j’embrasse des plages blanches, les lagunes et des pics.

Et la couchette d’un train, le creux d’un ravin, cette chambre si pauvre qu’un savon est un luxe, le soleil qui se lève sur une voie rapide.

Le souffle du monde me porte essoufflé, fatigué, brûlant et inquiet, je vogue sur les torrents urbains, ivre d’un soleil qui traverse les tours, et se répand sur les autoroutes. Et je marche au matin dans le flux chaotique d’habitudes mégapolistiques.

Et ce train dans des matins blafards qui découvrent des soleils colorés, traversant des campagnes lumineuses, ailleurs, ailleurs, de belles courses, et les mondes qui défilent à grande vitesses dans la quiétude d’un café brulant.

Je ne sais qui je suis, je ne sais où je vais, le sensible suffit.

Des victoires triomphent et j’y suis insensible, demain, ce soir, je dormirais dans l’ombre d’un hôtel fétide. Et au coin d’une gare je ferais un rêve de voyage, épuisé, exténué, me demandant encore où est ma maison.

Mais ce soleil levant dans une plaine dorée que l’on traverse à la vitesse du son a une telle beauté que le rêve des maisons est une illusion si fade qu’on imagine que ce transport suffit à être.

L’or des matins est un souffle sans espoir, assez délicieux pour me porter au soir.

La langue

La langue,

Ce qui au fond des formes

Goûte le cœur des choses

La langue fait le regard

Et prolonge le corps absent,

La langue dit le désir du corps,

Une langue

Qui unit

Le corps à l’esprit

Cette chair au recoin des lèvres

L’âme d’une parole

La fièvre

Et la raison

La langue

Règne