Gaz – 1915-2013

A l’exception de la guerre entamée par Saddam Hussein contre l’Iran, les gaz ont peu été employés dans la guerre depuis 1915. Bachar el-assad, son régime les ont employé ces derniers mois contre leur peuple, leur pays. On ne fera pas la comptabilités des morts, le nombre ne suffit pas à établir la gravité. L’histoire a la mémoire des actes, l’Iran se souvient terriblement de ces actes qui visent moins à détruire un objectif stratégique ou tactique – et donc à s’inscrire dans la grammaire de la guerre – qu’à entreprendre la destruction systématique, impitoyable, aveugle de l’ennemi. Le gaz n’est pas une question d’efficacité, mais de cet absolu mépris qui considère l’adversaire comme un rien, un insecte,  un rat.

Nous n’argumenterons pas plus. Pour la mémoire, retrouvée dans celle du net, juste un poème de presque cent ans, quand les gaz semblaient une forme acceptable de la guerre. La source est incertaine, en voici le lien.

Les gaz

Le carnaval de mort se chante à grands éclats
Le carnaval lugubre à l’haleine empestée
Le carnaval de haine et de rage entêtée
Serpente au long des champs dans les Flandres, là-bas…

Les enfants du sol clair respirent sous leurs masques;
Les visages n’ont plus ni formes, ni ferveur;
D’atones verres blancs sans regard, sans ardeur,
Ouvrent des yeux de monstre à l’ombre de grands casques.

On fête la laideur d’un affreux cauchemar
Des spectres délirants et sans nez gesticulent
Une brume de Sabbat autour d’eux monte et fume
Des yeux ternes et blancs se recherchent hagards.

C’est la folie éparse aux plaines de la Flandre
Une sinistre joie abrutit l’avant-soir
Des klaxons crécellent hurlent du désespoir
Et les hommes sont bruns et comme enduits de cendres

Les vapeurs de l’ivresse et les souffles du vent
Sur ce mardi-gras veule et ses sinistres masques
Sur ces groupes sans noms de groins noirs et de casques
Planent puis vont vers les lointains, étrangement.

Le carnaval des gaz se chante à grand vacarme
La mitrailleuse rit son fou, rire de mort
Les clairons dans les Flandres emmêlent leurs accords
Et les tocsins des tours propagent leur alarme

Masque d’un soir de mai, fantôme sans élans
Quelle joie hystérique et quels spasmes de haine
Vous énervent ce soir dans les remous des plaines ?
Le diable s’est offert un carnaval sanglant.

Maurice GAUCHEZ, 10/1915

Rien

Je ne sais rien

Et de savoir je ne sais rien

Rien de rien

 

Ce rien est ce que je sais

c’est un rien au moins que je sais

Ah savoir de rien,

Ce rien que l’on sait

Ce peu qu’on sait

Qui ne sert presque à rien

 

Oui je ne ne sais rien

Rien qu’on ne peut savoir

Peut-on ne savoir rien

Savoir presque rien ?

 

Ne rien savoir

Et savoir ce que rien

Est un savoir qui ne vaut presque rien

Rien à faire

 

Un rien dont on n’a que faire

Le rien qui va

Ce rien dont on va se défaire

Ce qui qui ne vaut rien

Ce rien qui reste

Un presque rien

 

Le rien est presque

Et rien il devient

Rien

 

Un vaurien.

Rien

ne vaut rien

Rien ne vaut rien

 

Rien de rien

Rien

Rien à faire

 

Rien à penser

Rien rêver

Et n’être rien

 

Rien à cirer

De ne rien être

Et ces riens de la vie

peuvent-il éclairer le rien d’être ?

 

Rien de rien

Ne reste rien

 

Il n’y a qu’un pas

Il n’y a qu’un pas

Celui qui nous amène ici, celui qui nous amène la bas

Il n’y a qu’un qu’un pas

Celui qui nous emmène et celui qui ne nous emmène pas

 

Il n’y a qu’un pas

Une danse, un compas,

Ce pas qui avance,

La cuisse tendue à l’évidence

 

Un pas et le pied qui trébuche

L’orteil sanglant

Le pas qui mesure

Au delà des embûches

L’air cinglant

 

Il n’y a qu’un pas

Le pas très sur

De la belle allure

Le pas brinquebalant

Des chemins sans mesure

 

Il n’y a qu’un pas

Celui de la chèvre

Et celui de l’azur

Un pas de sentier

Et celui des étoiles

 

Un pas sans mètre

Un pas qui se répète

Et marche sans fatigue

Grimpant les nuages

S’enroulant aux planètes

 

Un pas têtu

Un pas qui tremble

Un pas qui sambe

Un pas qui saute d’une flaque à l’autre

 

Il n’y a qu’un pas

Celui qui avance

Et celui qui hésite

Le pas qui danse

Et celui qui vacille

 

Il n’y a qu’un qu’un pas

Celui qui nous emmène et celui qui ne nous emmène pas

 

Brasil popular

4437362998_226ba12d1dJe n’écris pas beaucoup ces dernières semaines. Du-moins je ne publie pas. Des phrases restent sur des fichiers sans espoir à peine des notes. De notes j’en ai d’ailleurs. Classer des dossiers, vérifier des biographies, chasser des morceaux.  Classer le beat.

Le Brésil m’a occupé. Longtemps que je n’y suis pas allé. J’en ai fait la visite dans l’examen presque systématique des sources. Deviner un air d’accordéon, la guitare qui reste, des triangles, la batterie, de grandes mélancolies qui cèdent à la fanfare, les marches sont à l’Afrique le silence des douleurs où répétant une même cellule on peut rejoindre le monde du rêve. On supporte les douleur en rythmant leurs élancements. Au Brésil la force des musiques est de se remplir de tant de poésie qu’on fait pleurer le peuple. Aucune sophistication ne résiste aux larmes, et ce sont ces larmes qui donne à toutes les musiques ce sels si doux et si amers qu’il relie chacun à ses enfances.

La musique remplit le vide de la pensée, elle prend l’esprit comme on contemple les vagues. Sa fréquence établit un rapport premier auquel l’esprit se perd dans ses variations. La musique est variation, une perversion du temps et des saisons. Elle avance sans céder au temps, le marque et le remplit, lui donne pas à pas, boucle après boucle, les formes d’une histoire. Quand l’écriture fonctionne par accumulation, la musique procède par répétition. Et l’ivresse! une fête, une mélancolie, ce doux-amer des humeurs, la chaleur d’un cercle d’amis, ce poème qu surgit dans un pied. celui de la samba.

Ke temps qui passe s’emplit moins de mots que de musique. Une exploration des familles, cette chose qui tient moins dans la musicalité que dans l’esprit. Pour le Brésil, juste une idée. Le populaire. Tendu entre la Samba et le Forro de la même manière que les villes évoluent, de la même manière que les territoires se répandent, migrent, se diluent, errent en plaques nonchalantes sur le fleuve et dérivent dans les méandres du delta. Ils ‘agglomèrent, se détachent, des glaces de vie dans le salon social. C’est un bar au croisement des rues, un hangar perdu, cette terasse sur le moro, le dessous d’un pont, une plage.

Quelques chansons, quelques chanteurs, des femmes, des hommes,, des artistes, des poètes, des musiciens, les limites de la musique brésilienne ne sont ni histoires de style ni d’artistes, La musique au Brésil a plusieurs foyers, ils s’étagent dans le temps se répandent dans l’espace. En voici mon idée, dans un registre intime, et le regard qu’un amour a incurvé assez pour regarder yeux dans les yeux une culture et ses tourments. Le regret et l’espoir, la solitude et la fête, l’épopée et la mélancolie, la folie des pas et du langage,  le passé et le futur, venir ici pour un ailleurs, souffrir pour posséder, tout avoir et regarder l’horizon en découvrant qu’on ne possède rien : la jungle et la savane, la mata et le fleuve, des villes si grandes que ceux qui s’enfuient n’en peuvent atteindre les limites.

Une culture qui se fait moins dans les mots que dans les notes.

Playlist :

  1. Carmen Miranda – south american way
  2. sandra bele – morte do vaqueiro
  3. Gal Costa – India
  4. Marina Gasolina
  5. Gilberto gil – Tropicalia
  6. erasmo carlo – cachaca mecanica
  7. barakas -stabilo boss (boucle a 2:38)
  8. chico buarque – construcao
  9. bethania – lagrima
  10. mocidade – 2011
  11. Mart’nalia – Pe do meu samba
  12. Neson Gonsalves – alsphato
  13. Nicolas Krasssik et chico vargas – sanfona sentida
  14. sivuca – nunca mais que vir..
  15. Luis Gonzagua – tesouro et meio
  16. rapping hood & quinteto prreta e blanco- a bola do mundo
  17. lenine – rei bantu
  18. Joao Bosco – Kid Cavaquinho
  19. Mc marcinho – festa da escola
  20. Caetano veloso – oracao do tempo
  21. Nara Leao – lamento Do moro
  22. Camarao – Festejo
  23. Bonde do role – Solta o frango
  24. Fernanda Abreu – brasileiro