A l’exception de la guerre entamée par Saddam Hussein contre l’Iran, les gaz ont peu été employés dans la guerre depuis 1915. Bachar el-assad, son régime les ont employé ces derniers mois contre leur peuple, leur pays. On ne fera pas la comptabilités des morts, le nombre ne suffit pas à établir la gravité. L’histoire a la mémoire des actes, l’Iran se souvient terriblement de ces actes qui visent moins à détruire un objectif stratégique ou tactique – et donc à s’inscrire dans la grammaire de la guerre – qu’à entreprendre la destruction systématique, impitoyable, aveugle de l’ennemi. Le gaz n’est pas une question d’efficacité, mais de cet absolu mépris qui considère l’adversaire comme un rien, un insecte, un rat.
Nous n’argumenterons pas plus. Pour la mémoire, retrouvée dans celle du net, juste un poème de presque cent ans, quand les gaz semblaient une forme acceptable de la guerre. La source est incertaine, en voici le lien.
Les gaz
Le carnaval de mort se chante à grands éclats
Le carnaval lugubre à l’haleine empestée
Le carnaval de haine et de rage entêtée
Serpente au long des champs dans les Flandres, là-bas…
Les enfants du sol clair respirent sous leurs masques;
Les visages n’ont plus ni formes, ni ferveur;
D’atones verres blancs sans regard, sans ardeur,
Ouvrent des yeux de monstre à l’ombre de grands casques.
On fête la laideur d’un affreux cauchemar
Des spectres délirants et sans nez gesticulent
Une brume de Sabbat autour d’eux monte et fume
Des yeux ternes et blancs se recherchent hagards.
C’est la folie éparse aux plaines de la Flandre
Une sinistre joie abrutit l’avant-soir
Des klaxons crécellent hurlent du désespoir
Et les hommes sont bruns et comme enduits de cendres
Les vapeurs de l’ivresse et les souffles du vent
Sur ce mardi-gras veule et ses sinistres masques
Sur ces groupes sans noms de groins noirs et de casques
Planent puis vont vers les lointains, étrangement.
Le carnaval des gaz se chante à grand vacarme
La mitrailleuse rit son fou, rire de mort
Les clairons dans les Flandres emmêlent leurs accords
Et les tocsins des tours propagent leur alarme
Masque d’un soir de mai, fantôme sans élans
Quelle joie hystérique et quels spasmes de haine
Vous énervent ce soir dans les remous des plaines ?
Le diable s’est offert un carnaval sanglant.
Maurice GAUCHEZ, 10/1915