L'amour

Comment intituler aussi largement un maigre article? Il faudrait une encyclopédie.

L’avantage de l’amour est qu’en un geste il réalise sa totalité. Que sans parler de lui il s’affirme. L’amour est une caresse d’abord, un cri parfois, des larmes souvent, et ce moment d’un appel infini, cette idée que dans la multitude, un seul est important.

Le miracle de l’amour est que même s’il nous arrive rarement, il nous arrive quand même. On ne sait sur quelle grève, et pour quelle raison, il déboule, liant des atomes perdus en une belle molécule, et fait de l’ombre scintillante des moires lustrées. L’amour peut traverser la mort, la défier, la renverser, l’amour rêve d’éternité.

P1012117L’amour défie le temps, l’amour défie d’espace, l’amour dit un lien qui ne tient à aucune matérialité. L’amour vrai va d’un monde à l’autre, traverse les océans, se joue des saisons et des fuseaux horaires, l’amour dit que les caresses s’afranchissent des frontières et défient la mort pour autant qu’elles en délimitent les fins.

Guaruja, une naissance

Ce fût doux, la torpeur tropicale, cette chaleur qui gêne les excès de mouvement.Sur un lit, le torse relevé, les battements des pâles du ventilateur, absences qui suppléent à l’absence de climatisation. Découvrir des voisins qui meurent et en chacun voir la beauté.

Guaruja - le lieu du crime

Je ne sais les croyances, et je n’en ai aucune. Je suis mort et je suis né à nouveau, au coeur de la mort qui va, dans la tendresse des mouvements de cette salle, le vrombissements des machines, le tintement du rire des infirmière, des soupirs, des râles, l’unité de traitement intensif de l’hopital de Guaruja. Je ne sais rien de ma mort, j’apprends de ma renaissance. Elle füt dans une chaleur assoiffée où l’on me servait des seringues d’eaux ausi délicieuses que le carton rêve d’être humifidié quand un été brutal impose le plomb de la canicule. Je regardais le plafond peuplé de fourmis jouant au jeu de la vie et semblant à mon délire résoudre pour une certaine pauvreté, celle du brésil, l’incapacité de climatiser l’antichambre de la mort. Le mouvement des fourmi à défaut de réduire la chaleur réduisait l’attente et ce temps qui pèse comme une chappe ou un espoir. Je ne crois pas avoir eu tous mes esprits à ce moment. Vous voguions, des sentinelles blessées au bord de l’autre monde.

Mes voisins étaient trois. Deux à ma droite, un à ma gauche. Appelons le Augusto celui de ma gauche, je l’ai toujours vu mourrant. Immobile. Sauf quelques minutes où il borborygma des sons insensés, un monologue désespéré. Peu de personnes le visitèrent, mais je le vis conduire dans son absolue horizontale une longue conversation, le portable collé à l’oreille. Etait-il si important que même sa mort puisse se traiter à distance? Le coeur l’avait laché, peu de monde voulait le retenir. Dans cette fin d’été, Augusto retenait quelques fils de vie, dans l’éternité des derniers traitements. On attendait quelqu’un tranche, ce n’était pas ici que les choses fussent possibles. Il durait donc, s’accrochant au lit. Tyranisant encore ses multiples obligés dans une dernière solitude. La moustache tenait encore.
Sur ma droite Amélia, ce n’est pas son nom bien sur, dans mon délire je ne fus capable de converser avec elle et ne suis pas sur qu’elle aurait pu me répondre. Je pense qu’elle est morte au cours de mon séjour. J’ai cru voir les médecins expliquer aux enfants, des adultes à maturité mais tremblant tout de même,- dans cette lumière d’été il était difficile de parler le la mort-, dire donc que la mort était partie de la vie, et que vivre était prendre la responsabilité de la mort. J’ai vu ensuite une robe orange, une coupe de princesse, une perruque blonde, un bijou lumineux et l’embaumemenent précoce, cette idée que la mort ne doit pas saisir la décomposition et doit célébrer la jeunesse. Son combat n’a pas été celui de la vie, mais celui de la forme, jusqu’à quand aura-t-elle pu être digne?

Restait le plus beau. je ne sais pas si comme moi il a survécu. L’eau m’a fait mourrir. Lui s’est le feu. Malodroso. Un saltimbanque qui dans les marchés populaires joue le numéro de la moto de feu. Il aurait échoué, brulé au torse, au dos, déchiré de douleurs, dans le lit d’aluminium qui soutient sa cape de feu. Ses jambes encore couvertes d’une moire métallique qui vibrent du bleu titane à orangé du cuivre. Et sur son visage, un masque encore présent, quelques lames d’argent qui dressaient une gueule de métal. Le fanstasque, dans sa brulure extrême séduisait l’unité. Le spectacle se poursuivait. Et je voyais de très douces infirmières caresser ses brûlures. Et lui jouait, une pantomime de ses jambes qui déroulait les animaux de la forêt. pérroquet flamboyant et serpents venimeux, les papillons.

La terre, l’air, le feu, j’étais l’eau, le noyé. Dans cette antichambre de la mort, je me réveillais dans la conscience d’une infinie caresse. Je les aimais, tous, ceux qui mourraient, ceux qui survivaient, ceux qui nous accompagnaient. J’aimais cette tendresse, cette onctuosité. Oh bonheur! Ces femmes qui nous bercaient. Le regard des savants. Ces minutes franchies dans de lents rituels. La scences des medecins, la prières des proches, l’amour de ceux qui savent, cette machine qui soulève ma poitrine, pulsant un air que je ne respire plus. Et la beauté de ceux, qui se tiennent à la crète de la vie. Dans la tendresse qui sourd du définitif.

E t l’on me dit que je suis ici depuis 4 jours. Vivant dans des images vascillantes, leurs sources s’éteignant l’une pour deux. Qui m’a guidé à cet eveil, à cet amour? La volonté de mon corps, de mon ame, du devoir, célébrer l’anniversaire d’un fils, embrasser celle qu’on aime, vivre avec nos amour? Une déesse compréhensive qu’on aurait célébrée sans vraiment y croire, Iemanja pour la nommer. L’amour simplement, celle qui nous aime, ceux qui nous aiment, milles voix qui file une voie vers ce profond coma. Le talent de la science qui sans la technologie, ou dans son minimum, conduit le protocole jusqu’au succès. Et la pression des amis, qui font de mon cas une épreuve. Il vaudrait mieux que je vive.

Mais reste ce bonheur, l’éveil, regarder autour de soi des compagnons de voyage. L’unité est comme une tourelle, je me demande même quelle est la taille du batiment, que j’imagine tour sur la plage, dédiée à deux ou trois mourants, il me fallût des heures pour imaginer que ce port macabre n’etait que l’extrémté d’un vaste hopital.

Et me voici vivant, rappelé par l’amour. Pret à dire cette autre aventure. Commencer par la fin, le reveil. et dire une chose simple : la mort n’est pas une fin, elle n’est qu’un début.